Les rumeurs sur la future AppleTV 2.0 (on parle plutôt maintenant d’iTV) se font plus précises, et l’on commence à rentrer dans le vif du sujet : les spécifications techniques (supposées, bien sûr !).
Un discours technique peu évident à assimiler
Parmi les rumeurs de cette future iTV, la plus “choquante” est la supposée limitation au mode 720p, soit “l’entrée de gamme” de la TVHD, qui, pour rappel, se scinde en deux modes :
- le 720p, qui représente une résolution d’écran de 1280×720 pixels (le “p” signifiant “progressive”, en opposition aux modes entrelacés)
- le 1080p, qui lui s’étale sur 1920×1080 pixels
Pour être complet, il faut également évoquer le mode 1080i (i pour “interlaced”, entrelacé), qui est souvent utilisé pour de la télédiffusion HD. Certaines chaînes Françaises exploitent une version tronquée de ce format, à 1440×1080 pixels.
(vous trouverez tous les détails sur cet excellent article de Wikipedia consacré à la haute définition).
Du côté des supports, le Bluray permet la lecture de vidéos au format 1080p, tandis que les supports Internet, Youtube tout comme apparemment Apple, privilégient le 720p, pour des raisons compréhensives de bande passante.
Le choix des téléviseurs est donc crucial : certains (les “HDTV”) en 720p. Les plus haut de gamme sont en 1080p (les “HDTV 1080p”). Si l’on rajoute à ça les différentes technologies d’affichages (LED ou LCD ?), et les discussions qualitatives (“vaut il mieux un bon 720p ou un moyen 1080p ?”), ce n’est rien de dire que tout est fait pour perturber et perdre le consommateur lambda.
Vous prendrez le futur, ou le futur++ ?
Je me suis fait cette réflexion en lisant cet article de Manuel Angelini : cette offre “à plusieurs niveaux” laisse un goût amer dans la bouche du futur équipé ; il a devant ses yeux “le futur”, et “le futur++”.
- Soit il s’équipe en 720p, en ayant clairement la démonstration qu’il n’est pas “à jour” puisqu’il existe déjà mieux.
- Soit il s’équipe en 1080p, en gardant le goût amer en bouche d’avoir payé trop cher un équipement en comparaison de son équivalent 720p, qui est pourtant “à la mode” lui aussi.
Le Bluray, s’il est devenu le standard, n’est jamais vraiment devenu “le” truc à la mode. Je connais beaucoup de technophiles, moi le premier, qui étaient les premiers sur les rangs lors de la sortie du DVD, qui n’ont toujours pas franchi aujourd’hui le pas de l’équipement Bluray.
Acheter un lecteur DVD, au début des années 90, était clairement “le top”. Le truc évident qu’il fallait avoir. Sans concurrence, sans perspective d’un “mieux”. Quand Steve Jobs vend un iPhone ou un iPad, il le vend sous diverses déclinaisons, mais tous étant d’un niveau technologique similaire, et présenté comme le summum absolu de tout ce qui est sorti jusqu’à maintenant. Hors de question d’aborder ne serait ce qu’en interview l’inévitable successeur qui arrivera pourtant un an plus tard. Personne n’est dupe, mais on a la certitude d’être “au top du top” au moment de son achat.
Avec la HD, cette désagréable dualité 720/1080 perturbe les esprits autant qu’elle perd les consommateurs. Pire encore : la situation risque de durer longtemps, vu que les supports online ne seront pas capables de diffuser dans des conditions correctes du 1080p avant plusieurs années !
Quel prochain saut technologique ?
Une autre façon de raisonner, et un point d’appui marketing, est le “saut technologique”, visible concrétement et dans tous les esprits, qui change la vie des utilisateurs. Tout le monde est passé au DVD parce qu’il permettait de se débarasser des ces vieilles cassettes VHS encombrantes, qu’il fallait rembobiner, etc… Beaucoup passent à l’écran plat pour ne plus avoir à caser un encombrant meuble laid et prenant facilement la poussière. Nombreux sont ceux qui basculent dans le numérique online, qui permet d’éviter de se rendre en magasin ou de monter des étagères pour ranger ses CD, bouquins ou DVD.
Si on raisonne en ces termes là, qu’apporte le Bluray ? Les définitions 720p machin bidules ? Bien sûr, les arguments sont là, mais ils sont tous techniques, pas évident à comprendre, et ne marqueront jamais autant les esprits que les exemples cités précédemment. A moins que l’innovation soit drivée par une impulsion forte, une image comme Apple sait les créer, qui fait rêver et met de côté la rationalité d’un raisonnement. Et là, on se fiche qu’il s’agisse de 720 ou de 1080…
Des points de vue divergeants
Drôle de paradoxe : jusqu’ici, innovation technologique et appropriation avec le public allaient de pair. Aujourd’hui, on peut finalement voir deux courants s’éloigner peu à un peu l’un de l’autre :
- L’innovation en tant que telle (1080p…et les autres, le Bluray 3D, etc…) qui nécessitent des équipements particuliers, et qui concernent pour l’instant une certaine élite
- Les innovations plus “pratiques” (socialTV, achat de contenu online…) qui se contentent de technologies moins évoluées (720p) mais qui sont orientées vers un public plus large
Ces deux voies vont forcément à un moment devoir revenir à quelque chose de plus cohérent et unifié. La diversification n’a jamais été au service de l’appropriation par le grand public (on se souvient des piétinements du Bluray à l’époque de la concurrence du HD-DVD). Mais là, c’est Internet qui risque de ne plus suivre à court terme… Alors quel avenir ? Online mais en faisant une croix sur certaines innovations ? Offline mais avec la frustration de devoir se passer de la dématérialisation du supposrt ? A suivre..