Rarement l’avenir aura été parsemé d’autant de points d’interrogations chez Apple : comment vont ils gérer “l’après-Steve” ?
What Steve would do ?
D’après sa propre biographie, un des “dogmes” qu’a tenté d’imposer Jobs lors de ces dernières années était précisément… de ne pas en avoir, ou du moins pas sur sa propre personne.
Si l’on en suit les principes de “l’Apple University”, puisqu’elle existe en interne pour cultiver une certaine culture d’entreprise, il va être important, dans les mois à venir, de ne pas réagir en fonction d’un “Que ferait Steve Jobs à notre place ?”. Mais la tentation risque d’être forte, tellement l’ancien CEO de Cupertino était omniprésent dans les choix stratégiques de l’entreprise.
Les “têtes fortes” sont nombreuses chez Apple, et sont en ordre de marche depuis déjà bien longtemps avant le départ de Jobs : Jonathan Ive en particulier, avait déjà une totale latitude sur le design des produits. Mais le plus dur sera de tenir une ligne stratégique cohérente, car les egos risquent de partir en conflit. Il est connu par exemple que Scott Forstall, à la tête de l’ingénierie logicielle “iOS”, s’entend fort peu avec le reste de l’équipe (Tim Cook, Phil Schiller…). Il sera difficile “de ne voir qu’une tête” chez Apple maintenant que le chef charismatique n’est plus. Est ce un bien ou un mal ? Difficile à dire pour l’instant.
Vers une télé Apple
C’est maintenant une quasi-certitude, Apple va aller sur le marché de la télévision. Marché plus que difficile, puisqu’absolument personne, ni Microsoft, ni Apple, ni Google, ni un quelconque autre “pure-player”, n’a pu s’imposer jusqu’à maintenant sous (ou dans) nos téléviseurs.
Il faut dire que les problèmes à résoudre sont nombreux :
- Jobs lui même l’avait expliqué lors d’une interview, pour lui, il était impensable d’être “un boitier de plus”. Pour que le produit prenne auprès du grand public, il doit être à l’intérieur même du téléviseur, et se substituer à tous les autres boitiers, qu’il s’agisse de boîtier TV, de console de jeux… Rien que ce préambule est difficile à contourner, tellement les acteurs sont déjà en place, que cela soit sur le marché du jeu (Playstation, XBox..) ou de la TV broadcastée (chaque diffuseur propose aujourd’hui sa propre “box”, en Europe mais aussi maintenant aux US).
- Le fait d’être “à l’intérieur du téléviseur” apporte une nouvelle possibilité qui me parait indispensable pour que le marché des applications interactives pour TV prenne son envol : le fait d’avoir des applis réellement intégrées aux chaines broadcastées, et pas “à part” comme c’est le cas actuellement. Imaginez par exemple un client Twitter qui affiche les nouveaux tweets dans un coin de l’écran pendant que vous regardez votre émission préférée. Impossible jusqu’à maintenant.
- Le plus gros problème reste celui de l’interaction homme/machine : comment donner des ordres, parfois complexe, à son téléviseur ? L’arrivée de Siri semble apporter la réponse de la commande à la voix, mais cette façon de faire est elle valable dans un salon plein de brouhaha ? D’autres vont jusqu’à imaginer une arrivée d’Apple sur le marché… des montres, qui serviraient de télécommande. Bref, beaucoup de points d’interrogations, mais une certitude : la télécommande complexe “à la GoogleTV” est un échec cuisant.
Bref, ce n’est plus maintenant qu’une question de temps. Mais un pari aussi risqué pourrait aussi entrainer Apple dans une pente dangereuse, s’il s’avère que le premier gros lancement “post-Steve Jobs” tourne à l’échec cuisant.
iPhone et iPad
Plus clair est le chemin que vont prendre iPad et iPhone : 2012 devrait être une grande année du côté des nouveautés, car les deux produits ont eu une révision “mineure” sur 2011. Rappelons qu’Apple, à l’instar des constructeurs auto, semble adopter le principe d’une nouveauté majeure une année, suivi d’une révision plus mineure l’année d’après, afin de consolider et rentabiliser la version précédente. Ainsi, l’iPhone 4S est une version boostée de l’iPhone 4, sans changement esthétique, et que l’iPad amenait finalement peu de choses, hormis des nouveautés qui avaient été retirées plus ou moins en dernière minute de la version 1 (les caméras), et des améliorations esthétiques comme la cure d’amincissement qu’il a subi.
Pour 2012, il faut donc s’attendre à un iPad 3 certainement doté d’un écran Retina, et d’un iPhone 5 (ou 6 ?) au look radicalement différent, avec peut être un écran plus grand,et sans doute d’autres nouveautés plus mystérieuses… Verra t’on (enfin) l’arrivée d’une puce NFC ? D’un pico-projecteur ? Les pistes sont nombreuses, et le besoin de nouveauté est grand, tellement les produits sous Android semblent creuser l’écart.
Et le Mac ?
Tout le monde sait que le Mac est aujourd’hui le parent pauvre chez Apple. Il représente encore (mais pour combien de temps ?) environ 1/3 du chiffre d’affaires, mais tout le monde sait que l’innovation que l’on attend viendra difficilement de cette branche là. Seul le MacBook Air semble compter, et il y a fort à parier que la gamme des portables se décline désormais autour du concept “aucune pièce mécanique” (ni disque dur, ni lecteur optique).
Même inconnu pour le système d’exploitation, OS X. Le nom même de la dernière version, “Lion”, semble marquer un aboutissement (le lion étant, c’est bien connu, le roi des animaux !). Un tournant particulièrement osé serait de fusionner iOS et OS X dans la prochaine version de ces systèmes, Apple n’ayant jamais cherché jusqu’à maintenant à maintenir très longtemps deux systèmes d’exploitation en parallèle. Mais un tel virage amènerait un peu plus les Mac sur le chemin d’une “annexe” du marché florissant d’iOS, avec l’iPhone, l’iPod et l’iPad.