Le numérique se décline à toutes les sauces (ne me dites pas digital !). Sans numérique, pas d’innovation. Fracture numérique, source de tous les maux. Startup du numérique, qui ringardise l’entreprise. Enfin, c’est ce que l’on se dit.
Cette obsession pour le numérique n’est (presque) pas injustifiée, tant l’impact est fort. Jamais une révolution ne s’est diffusée aussi rapidement. Rares sont les métiers qui ne sont pas concernés. Et nombreuses sont les étapes à franchir pour moderniser usages, organisations et process, grâce à l’informatique, à Internet.
Un réflexe me semble toutefois antiproductif : traiter le numérique comme un nouveau dossier, un silo supplémentaire.
J’aime beaucoup proposer l’exercice suivant à mes interlocuteurs : lorsque l’on parcoure un document listant les grands projets que l’on va accomplir dans le domaine du numérique, je suggère de remplacer le mot « numérique » par « électricité ». Car, pour moi, le numérique a destination à devenir aussi courant, aussi banal, et aussi indispensable que l’est l’électricité. Et de la même manière qu’il ne viendrait plus à l’idée de personne de parler d’un projet comme étant lié à l’électricité, il faut faire en sorte que le numérique infuse partout, dans tous les services et dans toutes les cultures.
Il serait par exemple stupide de traiter les nouveaux usages amenés par le numérique comme n’impactant que l’avant-vente : lorsqu’un client attend de votre entreprise qu’elle réagisse avec la même souplesse et la même rapidité que les services qu’il utilise au quotidien sur Internet, il serait vain de ne changer les modes de fonctionnement d’un seul service de votre entreprise.
De l’avant-vente à l’après-vente, de la production jusqu’au marketing, c’est partout que le numérique et ses usages doit prendre sa place. Sans dogme, sans excès ou délire utopique. Mais partout. On le perçoit à tout moment, sans forcément pouvoir l’identier clairement. Comme l’électricité. Comme le sucre dans le lait chaud !