Des montres intelligentes ?

Bon, ça y est, c’est sûr, la mode du moment, c’est la smartwatch, la montre pseudo-intelligente. Ca fait un moment qu’on en parle, et Samsung vient de lancer sa Galaxy Gear, censée être l’événement de la rentrée. Et, bien sûr, une rumeur accompagne des travaux similaires de la part d’Apple…

J’avoue que j’ai été surpris par ces rumeurs (qui semblent pourtant fondées, tellement les informations se croisent). Pas évident de trouver un intérêt à une montre apportant diverses fonctions.

L’intérêt principal, me semble t’il, est de répondre à la taille croissante des écrans : “OK, mon smartphone est d’une taille impressionnante, mais je n’ai plus besoin de le sortir tout le temps puisque je peux répondre aux coups de téléphones avec ma montre”. Argument suffisant ?

Je me souviens de l’argument de Jobs lors de la keynote présentant le premier iPad : le secret, c’est de trouver des fonctions où le nouveau périphérique sera bien meilleur que les autres. Par exemple, pour lire un magazine, la tablette s’avère plus pratique à la fois que le téléphone (trop petit) et l’ordinateur (format peu adapté).

En quoi une montre s’avèrerait-elle meilleure que les autres périphériques ?

  • pour téléphoner : pas vraiment, on ne voit pas bien la fiche de l’interlocuteur, le clavier est tout petit, et le micro pas assez près de la bouche pour pouvoir converser confortablement
  • pour lire des SMS : effectivement, le format est adapté. En revanche, il est impossible d’y répondre avec un clavier,   nécessitant une commande vocale irréprochable.
  • pour aller sur Internet : écran bien trop petit
  • pour consulter l’heure : j’ai utilisé quelques temps un iPod nano à mon poignet, et je peux en témoigner : ce n’est pas du tout pratique pour consulter l’heure, vu qu’il faut rallumer le truc à chaque fois.
  • pour faire de la visioconférence : éventuellement, même si maintenir son poignet devant son visage devient rapidement fatiguant (et c’est loupé pour le Samsung, dont la caméra est située dans le bracelet, et pas dans la montre elle-même)
  • pour du “quantified self” : les Fuelband et autres Jawbone Up proposent déjà une solution très pertinente, et bien plus pratique (je m’imaginerais difficilement dormir avec une montre pesante au poignet)
  • sans parler de l’autonomie, jugée catastrophique sur la Samsung, et dans tous les cas dramatiquement faible comparée à une montre classique
Bref, deux conclusions peuvent être tirées des montres actuellement diffusées :
  • Elles ne présentent pas encore d’intérêt suffisant, d’usage innovant. Il faut un vrai “plus” pour qu’on craque sur un produit à 300 euros
  • La réflexion sur ces produits doit impérativement se faire en terme d’usage, et pas “faire une montre pour faire une montre”. 
Une réflexion de fanboy serait de dire qu’Apple va, lui, arriver avec un produit pertinent, etc… Mais encore faut il avoir des pistes réellement intéressantes, et pas un gadget de geek. Si l’iPad (puis le phénomène des tablettes) est un tel succès, c’est parce que la cible conquise a été très grand public.
Ceci dit, il faut tout de même se souvenir qu’à chaque fois, Apple a su jouer sur un timing similaire : il existait des baladeurs avant l’iPod, des smartphones avant l’iPhone, des tablettes avant l’iPad. Et pourtant, à chaque fois, ils sont parvenus à “redistribuer les cartes”, en proposant un format différent des autres, souvent décalé, souvent décalé, amenant des polémiques et discussions, mais qui s’était imposé à chaque fois comme modèle :
  • pour l’iPod, c’était une interface bien plus épurée, et l’utilisation inédite d’un disque dur de 1,8 pouces
  • pour l’iPhone, c’était la suppression du clavier et du stylet
  • pour l’iPad, c’était l’utilisation d’une électronique “de téléphone” et pas d’ordinateur, et un système d’exploitation également tirée d’une logique mobile
A titre d’exemple, juste avant la sortie de l’iPad, la tablette qui semblait prometteuse était la “Joojoo” (quel nom !). Une tablette basée sur une électronique de PC, avec un Linux embarqué. L’avenir a montré à quel point ces choix n’étaient pas pertinents (voir ici cet article intéressant sur les tablettes d’avant l’iPad)
J’avoue sécher complètement sur ce que peut apporter une vision un peu “décalée” d’un téléphone. Il me semble que le hardware n’est pas encore assez évolué (on rêverait d’un téléphone avec pico-projecteur intégré !) pour apporter en 2013 une solution crédible (ne serait-ce qu’au niveau de l’autonomie). Même si le concept façon “Big Brother” m’effraie, je trouve le concept de lunettes Google Glass plus pertinent et mature.

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