Et le broadcast dans tout ça ?

Sur ce blog comme ailleurs, la cause est acquise : la rentrée va être aux couleurs de GoogleTV et de la peut-être-future-hypothétique iTV d’Apple. Ces boîtiers qui sont censés révolutionner notre approche de la TV (c’est pas moi, c’est Kevin Rose, fondateur de Digg, qui le dit) vont tenter de se faire une place là où beaucoup se sont cassés les dents. Applications interactives, vidéo à la demande, accès à Internet.. tout est là ou presque, sauf… la base même de la télévision : les contenus broadcastés !

Petit rappel : le broadcast, c’est quoi ?

En cette ère où Internet est partout, on en viendrait à oublier le B.A.BA de la diffusion : le broadcast. Derrière ce terme technique, une notion que tout le monde connaît : un émetteur lance un signal “à l’aveugle”, avec une diffusion la plus large possible sur les ondes, et quiconque veut recevoir le signal peut le capter via un récepteur. C’est le principe de la bonne vieille TSF, de la radio, de la télévision hertzienne, bref de la plupart des contenus “d’avant Internet”.

  • Principal avantage de ce mode de diffusion : il n’est pas dépendant d’un nombre de récepteurs. Couverture géographique mise à part, le fonctionnement d’un émetteur est strictement le même que l’on aie un seul ou des millions de récepteurs.
  • Principal inconvénient : ce mode de transmission (le vocabulaire est d’ailleurs approprié : on parle “d’émission” de télévision) ne fonctionne que dans un seul sens. A part “changer de chaîne”, aucune interactivité n’est possible sur un poste de télévision.

Le fonctionnement d’Internet est tout autre : chaque utilisateur d’un site Internet communique avec le serveur via une connexion particulière. Si un site est consulté par 1000 personnes, Apache (le logiciel le plus souvent en charge de gérer les connexions côté serveur) doit dialoguer avec ces 1000 personnes.

  • Principal avantage : l’interactivité est totale, puisque le serveur (“l’émetteur”, si l’on reprend le vocabulaire du broadcast) est aux sortes du client (le “récepteur”)
  • Principal inconvénient : il faut un traitement particulier pour chaque connecté. C’est jouable lorsque ces traitements sont légers, plus délicat lorsque les serveurs saturent.

Mais il y a, au delà de la notion de “traitement”, la bande passante consommée : puisque chaque traitement est “à part”, chaque donnée transmise l’est aussi. Ce n’est pas très grave lorsqu’on parle de quelques kilo-octets de HTML. Beaucoup plus problématique lorsqu’on visualise des vidéos sur Internet !

Concilier broadcast et TV interactive

GoogleTV, qui est annoncé pour cet automne, commence à se dévoiler, en particulier via cette vidéo qui montre quelques unes de ses capacités : applications, accès au contenu VOD, une présentation claire et fluide… mais aussi des fonctions qui rappellent finalement beaucoup ce que les fans de XBMC et autres applications de type “mediacenter” connaissent déjà depuis quelques années. Et surtout…très peu de chose sur la façon dont seront intégrés les contenus broadcastés :

Pourtant, je suis persuadé que l’éventuel succès de tels composants interactifs ne peut passer que par l’intégration des programmes broadcastés. Sans cette prise en compte, ces boîtiers ne resteront que des joujoux rapidement rangés dans un placard (encore une fois, le retour d’expérience des media centers actuels en est la preuve).

Mais quelles sont les modes d’intégration d’un broadcast ? Les réponses sont multiples :

  • Déjà, concernant les branchements : le plus logique est que la “box” se branche en série à la suite du tuner vidéo. Se substituer au tuner est une solution qui a été explorée par certains (TiVo en tête), mais cela amène plus de complications qu’autre chose. Problème : on se retrouve avec deux boîtiers sous son téléviseur.
  • L’idéal est bien entendu d’avoir une box intégrée au téléviseur (qui intègre déjà souvent le tuner TNT). Les deals stratégiques entre Google/Apple d’un côté, et les fabricants de téléviseurs, sont donc primordiaux. Google traite avec Sony, et Apple est soupçonné de discussions avec LG (on mettra de côté les rumeurs d’une vraie TV Apple, rumeurs trop peu fiables pour l’instant).
  • Simple surimpression du contenu numérique (titre, annotations, illustrations…) par dessus la vidéo broadcastée. C’est déjà un bon début, qui sera apprécié, pour peu que le contenu affiché soit approprié et pertinent !
  • Fonctions d’enregistrement. Si l’enregistrement d’un flux vidéo est aujourd’hui bien maîtrisé, il est pas simple de le faire piloter par une “set top box” : il faut en effet que la box soit également capable de demander au tuner de changer de canal. Sans cette fonction de pilotage, on ne peut enregistrer que ce que l’on regarde actuellement (ce qui coupe toute possibilité d’enregistrement programmé)
  • Accès direct aux chaînes. Si les boîtiers gèrent l’affichage de programmes TV, il est quasi indispensable qu’on puisse ensuite accéder aux chaînes en question. Là encore, le pilotage du tuner est important.

Et le streaming local ?

Pas directement lié à la notion de broadcast, mais indispensable si l’on veut faire un tour complet des fonctions potentielles d’un “media center”. De plus en plus de gens cumulent des contenus vidéos (DivX ou autre) sur leurs disques durs locaux, et voudront pouvoir y accéder le plus simplement possible sur leur téléviseur (la plupart du temps, ils regardent ces contenus sur leur PC, ou via une platine DVD capable de lire les DivX).

Cette fonction est logiquement peu exploitée par les acteurs officiels du petit monde des media center : qui dit DivX dit la plupart du temps contenu vidéo illicite, film téléchargé sur Internet, etc.. Là où Google et Apple cherchent à envahir le marché de la vidéo…précisément pour pouvoir vendre du contenu. Pourtant, la maturité des médias de stockage (NAS personnels), et les envies des utilisateurs font que ces fonctions seront rapidement populaires. On le voit d’ailleurs sur l’iPad, où des applications de visualisation de contenus streamés localement commencent à apparaitre.