Finalement, les robots ne vont (peut-être) pas tuer nos jobs

Une remarquable conférence TEDx datant de cet automne remet en question pas mal de discussions autour de la robotisation, de l’automatisation qui est de plus en plus présente. Nombreux, dont moi, affirment haut et fort qu’il faut se préparer à une chute spectaculaire des emplois dans le monde, le numérique nous amenant à automatiser de très nombreuses tâches : les emplois de caissières, de routiers, d’accueil à la banque, pour n’en citer que quelques uns, sont très objectivement menacés à une échéance de moins en moins lointaine.

L’économiste David Autor nous propose une lecture un peu différente : certes, la destruction d’emploi est inévitable. Pire, elle n’est pas nouvelle : entre la fin du XIXème siècle et maintenant, le travail agricole aux Etats-Unis est passé de 40% de la population à moins de 2%. Du point de vue du paysan de 1850, c’est une nouvelle terrible. Mais si l’on regarde les choses autrement :

  • la créativité et l’inventivité humaine qui a permis de réduire de 98% la main d’oeuvre tout en continuant à assurer la mission de nourrir son peuple est impressionnante
  • la chute de cette manne de travail a provoqué un malaise dans l’inadéquation entre formation et emploi, mais a aussi provoqué l’explosion (et le financement) des lycées américains qui permettent les emplois (et les compétences) d’aujourd’hui
  • force est de constater qu’il n’y a pas plus de chômage aujourd’hui à l’époque. En revanche, la plupart des métiers actuellement pratiqués n’existaient pas, et n’étaient même pas imaginables à l’époque. Qui aurait pu à l’époque décrire le métier de développeur web, de prof de yoga, ou de dresseur de pokémons ?

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Un autre aspect intéressant de la conférence, même s’il est moins surprenant -et bien moins positif- est le fossé qui se creuse entre la main d’oeuvre hautement qualifié, et celle non qualifiée. L’automatisation va en effet s’attaquer pour bonne partie aux activités d’une certaine “classe moyenne”, ne laissant champ libre, si l’on ne fait rien, qu’à des ingénieurs, ou de la “petite main” qui sera chargée de ce que les robots ne savent pas faire. Pas très réjouissante projection !

Les concepts tels que le revenu de base nous amènent à nous préparer à une chute drastique du nombre d’emploi. Mais réfléchir AUSSI avec d’autres perspectives est important, et le point de vue pondéré, réfléchi et argumenté de ce professeur est bigrement intéressant. A voir !