Les limites de l’OpenSource ?

La sortie de Firefox 2.0 est l’objet d’une polémique assez inattendue : de par ses relations avec Google, Firefox a engendré ces derniers mois un revenu financier apparemment important, en générant un trafic immense via sa page d’accueil.

Où est le souci ? Firefox est issu d’une structure, la Mozilla Foundation, qui emploie aujourd’hui plus de 70 personnes, après avoir longtemps fonctionné sur un mode purement bénévole et/ou financé par ses divers “sponsors”, dont Netscape puis AOL. Mais le produit générant le principal revenu de la société, le navigateur Firefox, est pour bonne partie écrit et maintenu par une communauté purement OpenSource, fonctionnant donc de manière bénévole, sans aucune rémunération ni répartition des revenus.

Etonnant ? Sans doute oui pour ceux qui sont étrangers au monde OpenSource, mais ce mode de fonctionnement “pour la gloire” a depuis déjà longtemps fait ses preuves, avec des produits tels que Linux basés sur les “bonnes volontés” de chacun.

Rien de choquant là dedans, le fait d’avoir une motivation de développer et de travailler complètement en marge d’un modèle économique est finalement plutôt admirable et courageux, à contrecourant complet du mode capitaliste actuel.

Le problème est plutôt lié aux revenus amorcés par l’exploitation du fruit de ce travail. Le fonctionnement de Mozilla est hélas pour l’instant un peu opaque sur ces points là, mais il semblerait que le succès de Firefox aie généré plus de 50 millions de dollars ces derniers temps, essentiellement rétro-cédés par Google qui lui même doit donc gagner beaucoup beaucoup plus… Que faire de cette somme ?

Un autre exemple récent : le rachat du serveur d’application JBoss par RedHat. Le “leader” du projet, Marc Fleury, a empoché quasiment seul le chèque de plus de 200 millions d’euros, pour un projet développé en très très grande partie par une communauté bénévole.

Perturbant non ? Tout ça amène forcément un choc des cultures, lorsqu’un mode très “idéologique” se heurte au final a l’inévitable logique financière. Et c’est tout le paradoxe actuel, que l’énorme succès de produits opensource amène à une situation très embarassante de “cagnottes” dont on ne sait plus trop quoi faire.

J’espère sincérement que Mozilla saura résoudre ce manque de transparence par rapport à ce sujet délicat, et surtout qu’ils parviendront à trouver un modèle cohérent respectant à la fois l’idéologie opensource et exploitant cette manne financière de manière positive. Le dirigeant de Mozilla, Mitch Kapor, est un ancien du monde “capitaliste” et pas le moindre puisqu’il s’agit du fondateur de la société Lotus, qui a explosée au début des années 80 avec le tableau 1-2-3.

PS : Firefox 2.0 a été téléchargé 2 millions de fois en 24h… C’est énorme, et comparable aux 3 millions d’Internet Explorer 7 en une semaine… On vit vraiment une période clé dans l’avenir du Web !