Nouvelle déclinaison de Seesmic, avec Seesmic Look, le tout nouveau produit de la bande à Loïc Le Meur. Pour une fois, un client Twitter arrive là où on ne l’attend pas, et dans une voie qui me parait particulièrement pertinente : le grand public.
Twitter pour le “mainstream”
C’est la cible de ce Seesmic, et elle est intéressante : arrêter d’écouter les geeks, et partir sur le terrain beaucoup moins exploré de l’application “for the rest of us”. Je ne sais pas si la cible sera réceptive, mais c’est courageux et passionnant : Twitter atteint aujourd’hui une taille critique où le besoin se fait fortement ressentir d’aller au delà de son noyau dur, de sa cible de base, pour tenter d’atteindre l’internaute lambda moyen.
Le risque est toujours fort lorsqu’on propose une interface “pour un très large public” de décevoir un peu tout le monde, et de n’intéresser finalement personne. Seesmic Look a le mérite d’innover et d’aller de l’avant. L’expérience sera passionnante à suivre de très près.
Au delà de la cible grand public, Seesmic Look répond également à deux problématiques peu explorées :
- Comment représenter visuellement le “real time web”, faire de ce concept un peu nébuleux quelque chose de concret et d’immédiatement perceptible
- Comment s’adapter à des devices qui amèneront une démarche plus passive et moins concentrée que l’écran d’un ordinateur : TabletPC posée à la verticale sur une étagère, téléviseur, écran embarqué… Le “repos du geek” en quelque sorte !
Une collaboration efficace avec Microsoft
Seesmic Look, tout comme Seesmic Windows, est issu de collaborations proches entre Microsoft et Seesmic. On voit bien sûr là tout l’intérêt d’avoir un dirigeant dont l’atout essentiel est le carnet d’adresses : les collaborations possibles permettent à une toute petite entreprise à la fois d’innover et de se développer rapidement.
La démarche est également intéressante de la part de Microsoft : elle redore un peu son blason en s’investissant dans des canaux “populaires”, tels que Twitter et dans le microcosme autour de Loïc. Mais aussi elle utilise des projets finalement minuscules pour la taille de l’entreprise pour faire une démonstration de l’avance technologique de leur plateforme : une telle interface utilisateur ne serait certainement pas possible avec une appli “in the cloud”
Un modèle économique pour Twitter, enfin ?
Hormis la présentation de l’interface utilisateur, l’innovation majeure de Seesmic Look est l’arrivée des “channels”, qui permettent d’avoir une vision “digest” de Twitter, et qui sont une réponse crédible au grand vide qui apparaît à l’utilisateur débutant : sans followings, Twitter est bien vide !
Mais surtout, c’est un axe qui m’apparait particulièrement intéressant pour monétiser l’activité autour de Twitter : on sait à quel point la chasse au follower peut être cruciale pour ceux qui cherchent à utiliser Twitter à des fins de communication. Et le fait de proposer ainsi des sélections, bien présentées, d’intervenants, pour les débutants, peut être un excellent moyen à la fois de populariser Twitter, et de “vendre” ces canaux de distributions. Good move !
Sortir du “carcan” PC
Piste que j’affectionne particulièrement : l’interface utilisateur de Seesmic Look sort complètement de l’écran d’un PC. Bien que tournant sous Windows, il est évident que l’application prend sa vraie dimension sur un écran de télé, ou sur l’écran LCD d’une voiture haut de gamme. Bref, partout où tout est encore à conquérir en terme d’applications interactives.
A ce sujet, l’interface est une belle réussite, et le côté “simpliste” voulu pour ne pas effrayer l’utilisateur débutant est bien maîtrisé. Je regretterai simplement le cloisonnement entre les déclinaisons de Seesmic : soit on est hyper-débutant, soit on est poweruser, et passer de l’un à l’autre, c’est accepter de changer complètement de logique. J’avoue que j’aurai préféré une adaptation d’un Seesmic existant, avec l’interface évoluant peu à peu avec les compétences de l’utilisateur. Mais cette vision est peut être un peu utopique, après tout, une Smart n’évolue pas en Ferrari !
Les risques de déclinaisons tout azimuts
Seesmic propose aujourd’hui une gamme assez énorme pour voir la petite taille de l’entreprise. Il ne manque plus que l’appli iPhone (je doute qu’on voie un jour naître une appli native Mac, même si j’aurai été curieux de voir les API Apple à l’oeuvre pour recréer un look “à la Seesmic Look”). Comment ces applis vont elles évoluer ? Le risque d’être déceptif sur certaines “branches” évoluant moins rapidement est important, et il faudra y faire attention dans les mois à venir, d’autant plus que les déclinaisons existantes ne sont pas toutes parfaites à l’heure actuelle, loin de là, et que certaines concurrent dans des secteurs particulièrement compétitifs.
Je suppose qu’il faut s’attendre à l’arrivée des “channels” dans les autres déclinaisons de Seesmic, ce sera très intéressant de voir comment ces digests seront intégrés aux applis “pour powerusers”.
En tout cas, un beau mouvement de la part de cette petite société, souvent surévaluée, souvent critiquée à juste titre, mais qui propose là quelque chose qui se rapproche vraiment d’une “vision” de gamme, allant bien plus loin que les autres concurrents stagnant sur une plateforme ou un concept, et sortant pour une fois des sentiers battus pour proposer une autre vision, et explorer des terrains immenses mais peu exploités. Bravo !