Plusieurs essais tentent d’explorer la voie du minimalisme en terme d’interface utilisateur. En contre courant du côté “clinquant” des interfaces informatiques classiques, beaucoup recherchent la simplicité ultime, non seulement pour des raisons purement fonctionnelles, mais aussi et surtout pour retrouver d’une certaine manière la “pureté” et la sérénité qu’on peut retrouver en écrivant avec un papier et un stylo.
Certains sont allés jusqu’à proner un retour…tout simplement au papier, je pense en particulier au grand retour (même si ça s’est avéré être une action marketing…) de la marque Moleskine. Mais d’autres ont tenté de reproduire cette sensation avec un ordinateur.
Le fait de “toucher” l’écran est un premier pas : on exploite les réflexes primaires de l’humain pour lui faire accomplir des actions complexes. Mais ce qui est affiché à l’écran reste très….”informatique”.
Une première tentative, avec le logiciel WriteRoom, répondait à un besoin précis : le désir pour l’écrivain de s’isoler pour pouvoir écrire. WriteRoom proposait une interface on ne peut plus épurée : une interface dénuée de tout bouton, permettant de se concentrer sur l’écriture, en s’isolant du logiciel lui-même, mais aussi du reste du système d’exploitation : plus de barre des tâches, plus d’icônes, plus de messages, même plus d’heure. L’homme et son texte, à défaut d’une feuille de papier. Ce principe a été repris par le traitement de textes Pages d’Apple (et sans doute sur des équivalents PC, mais bon, vous savez, moi, les PC… 😉 )
Ommwriter va un peu plus loin dans cette démarche. Il propose d’entourer l’acte d’écriture d’un ambiance très “zen”, assez proche des principes de base du Feng-Shui.
Un premier travail est effectué sur ce qui est affiché : par défaut, on n’a plus affaire à un écran blanc ou noir, mais à une image censée être apaisante, neutre et peu agressive.
La disposition du texte est bien sûr importante : il est ici central, mais n’occupe pas tout l’écran. Une grande place est laissée au vide, à l’aération de l’ensemble. Le format horizontal rappelle celui d’un vrai livre. Verticalement, on reste dans des dimensions très “humaines”, privilégiant le rassurant à l’exhaustif. Par exemple, il est facile de “noircir” une “page” de texte.
Même le curseur est retouché, pour être le plus discret possible (une simple petite barre horizontale soulignant le caractère).
Mais c’est au niveau sonore que cette appli a été le plus travaillée : par défaut, on entend en bruit de fond…des vagues ! On dépasse le contexte de l’isolement, pour aller jusqu’à choisir fictivement le “lieu” dans lequel on veut écrire. Rien ne remplacera le plaisir de se déplacer sur une plage, bien sûr, mais je dois avouer que je me suis rapidement laissé emporter par ce petit clipotis (bien sûr, j’écris ce texte avec Ommwriter).
La recherche va jusqu’au son des touches : chaque appui sur une touche du clavier provoque un petit son, discret, allant du tout petit ‘clic’ jusqu’au bruit d’une goutte d’eau. Il est bien sûr possible de choisir entre quelques sons différents.
Choisir ? Oui, à un moment donné, on ne peut se passer d’une interface minimaliste. On y accède simplement en bougeant la souris. Une série d’icône, là aussi tres épurées, permettant d’accéder aux fonctions. Le strict minimum est là : on peut choisir entre 3 polices différentes, modifier la taille de l’ensemble du texte, changer l’image et le bruit de fond. Et, faute de goût, gérer la sauvegarde du texte (si vous suivez ce blog, vous savez déjà à quel point ça m’agace de voir cette fonction préhistorique subsister).
Pour le reste, c’est du tout bon. Aucun exploit technologique, et l’appli va sans doute évoluer, mais la base est là : c’est un vrai bonheur, on retrouve le plaisir de l’écriture, sans être perturbé par un tweet ou un mail qui arrive. Bien sûr, il manque tout un tas de choses pour obtenir le document final, en terme de correction orthographique, de mise en page, etc… Mais pour faire un premier jet, c’est tout simplement génial !
Au delà du logiciel, que je vous conseille sans réserve, cette démarche entraîne toute une série de réflexions :
- sur la nécessité d’isolation de l’utilisateur. Où le logiciel l’aide à “lutter” contre ses réflexes habituels
- sur la présentation visuelle, et la notion d’épure permettant de se concentrer sur l’essentiel (j’en avais déjà parlé auparavant)
- sur l’utilisation d’effets sonores, et toute la subtilité qui va avec (les sons peuvent rapidement devenir répétitifs et agaçant, et pourtant pas une seule fois je me suis lassé du bruit des vagues généré par le logiciel)
- et enfin, sur la capacité que devront avoir nos logiciels de reprendre des notions issues du monde réel, et la façon de les adapter en version informatisée : la sensation de la feuille de papier, mais aussi l’influence du paysage et des bruits de la nature nous entourant.
A méditer, dans une ambiance Zen bien sûr !