Vers un nouvel eldorado ?

L’iPhone qui va bien finir par arriver en France bientôt (et qui me fait baver un peu plus de jour en jour….!), le vrai-faux GPhone qui a fait tant parler, la vraie initiative de Google en ce domaine avec Android, beaucoup de choses changent dans le milieu de la téléphonie.Quels sont les faits ?

  • Un milliard (!) de téléphones ont été vendus en 2006 dans le monde, contre par exemple 200 millions d’ordinateurs personnels
  • Le moindre téléphone à 1 euro inclus aujourd’hui un appareil photo, un lecteur MP3, et parfois même un OS “intelligent” (bon, ok, un Windows Mobile !)
  • Le téléphone mobile est l’objet que l’on a le plus souvent avec soi, devant même ses papiers d’identité
  • Les interfaces utilisateurs deviennent ENFIN intuitives et utilisables sans avoir à potasser la doc pendant des heures.
  • Les opérateurs commencent à considérer sérieusement à ne plus facturer les données Data au volume ni à la durée, la solution forfaitaire étant la seule envisageable pour avoir des applications connectées en permanence

Reste le gros du boulot : des systèmes, API, bibliothèques, etc… qui vont avec. Et là, c’est moins gagné.

  • Windows Mobile, sur les fondations de Windows CE, propose un système qui vaut ce qu’il vaut, mais qui a le mérite d’exister… Pas très ergonomique (un peu trop inspiré du “vrai” Windows pour ça), pas très stable, il a pour énorme avantage d’être de plus en plus diffusé… Le rouleau compresseur habituel de Microsoft, donc ! Autre avantage, Microsoft sait faire des environnements de développement dignes de ce nom, et ils ne s’en privent pas.
  • Symbian est un OS entièrement conçu pour les téléphones mobiles, et il présente des qualités importantes en ce domaine. Il a toutefois contre lui le fait de dater un peu. Il n’a réussi à s’imposer que sur des téléphones hauts de gamme.
  • Palm est de moins en moins présent. Autrefois leader absolu du marché, il s’est aujourd’hui complètement cassé la gueule, allant jusqu’à fournir Windows Mobile sur certains de ses produits ! Un des plus beaux exemples qui fait dire qu’être le premier sur un marché n’est pas un atout absolu
  • Java n’est pas un système d’exploitation, mais un langage et un environnement de développement. Mais il est “trans-plateforme”, de part l’hétérogénéité du langage. Il se trouve désormais sur l’énorme majorité des téléphones bas/moyen de gamme, et de ce fait est l’environnement privilégié des concepteurs de jeux “embarqués”. Contre lui, sa quasi incompabilité avec Windows Mobile (il existe quelques implémentations, de médiocre qualité), et la faiblesse des bibliothèques (Sun n’accorde pas une vraie importance à sa branche “J2ME”, et c’est bien dommage !).

Deux nouveaux acteurs viennent aujourd’hui changer la donne, et pas qu’un peu.

Apple bien sûr, avec l’incontournable iPhone, propose le produit le plus à la mode du moment. Pourtant, dans les faits, Apple ne vendra qu’environ 3 millions d’unités, le milliard de portables qui devraient s’écouler en 2007. Enorme pour Apple, mais…. 0,3% du marché ! Mais si l’iPhone fait autant parler de lui, c’est parce qu’il change complètement la donne en terme d’interface utilisateur. Pour la première fois, on sent qu’un téléphone peut amener l’utilisateur bien plus loin. Une extension de l’ordinateur plus qu’un téléphone, une branche terminale d’une “vie numérique”.

Du côté des développeurs, la vie est moins rose. L’iPhone est sans aucun doute la plateforme la plus fermée qui soit. Dans les faits, à moins de déplomber le téléphone, il n’est possible d’exécuter des applications que par le biais de Safari, le navigateur, qui est capable d’exécuter n’importe quelle application Ajax/Javascript. Les choses vont toutefois changer en février 2008, d’après une annonce de Steve Jobs himself.

Et Android ? Effet d’annonce de Google ? Pour l’instant, on n’en sait pas beaucoup plus, techniquement on devrait avoir des éléments dès cette semaine. Mais l’essentiel est l’ouverture du projet : basé sur Linux, code Open source, rassemblement d’un maximum d’acteurs du marché… Les Linux “light” pour solutions mobiles existent depuis longtemps, mais le côté amateur a pour l’instant rebuté tous les constructeurs.

Car les constructeurs sont la clé du succès futur d’Android : pour l’instant, seuls des constructeurs mineurs sont présents dans le consortium. On prévoit les premiers “GPhone” pour la mi-2008.

Pourquoi vous parler de tout ça ? Parce que, pour les concepteurs de logiciels, la téléphonie est un extraordinaire eldorado. On est très loin des “codes” habituels de l’informatique, avec des perspectives immenses aussi bien en terme de marché qu’en créativité : pour l’instant, les applications embarquées sont très “politiquement correctes” et désespérément conformes à ce qui se fait déjà sur les ordinateurs personnels. Quid de l’exploitation de l’appareil photo embarqué ? Du GPS ? Des diverses capacités du téléphone ?

La solution iPhone a pour elle sa grande cohérence : un seul acteur concevant à la fois le logiciel et le matériel. Tout le secret de l’iPhone, comme celui du Mac d’ailleurs, tient en cette citation d’Alan Kay (un grand monsieur, faudra que je vous en parle à l’occasion), cité par Jobs d’ailleurs lors de la présentation de l’iPhone :

“People who are really serious about software should make their own hardware.”

Android et Google font le pari radicalement inverse, en faisant travailler de très nombreux acteurs ensembles, logiciels, matériels. Qui gagnera ce grand pari ? L’affaire est à suivre, et elle est passionnante.