J’ai eu l’occasion d’expérimenter un style que je connaissais peu, même si l’idée me travaillait depuis un moment : concentrer, sur un très court moment, le montage d’un site éphémère, ultra-simple d’usage et au cahier des charges minimalistes, mais tentant de répondre précisément à un besoin.
Le contexte : amateur de longue date du festival du court-métrage de ma ville, je me suis rendu compte que, devant la profusion des séances, on était amené à poser à ses contacts systématiquement la même question : “que me conseilles-tu comme séance ?”. L’objectif était donc de pouvoir fournir un outil web répondant le plus simplement possible à cette question. Et ça a donné le site Note ton court.
Le cahier des charges :
- Le site doit fonctionner avant tout pour mobile. On doit pouvoir l’utiliser en situation de mobilité, comme le sont les festivaliers entre deux séances
- Pas d’application. Faire au plus simple et rapide d’accès, et avoir également possibilité d’accéder aux fonctionnalités depuis un simple navigateur d’ordinateur
- Fonctionnalités minimalistes : pouvoir commenter et noter une séance, pouvoir voir les commentaires des autres.
D’un point de vue technique, je voulais également aller au plus simple : le but n’est pas ici de faire une application hyper-robuste et satisfaisante techniquement, mais quelque chose de très souple et rapide à développer. Mes choix se sont portés sur le langage PHP, avec les librairies JQueryMobile (pour l’interface mobile), et NotORM (pour l’accès à la base de données). J’ai été tout à fait satisfait de ces choix là, avec toutefois un sentiment un peu amer concernant NotORM, que je trouve très pertinent lorsqu’on ne veut pas se lancer dans une architecture complexe. Malheureusement, le projet semble abandonné par ses concepteurs. Il fonctionne, et bien, mais quid de son avenir ?
Le site a été développé en une demi-journée, dans une version très minimaliste (et buggée…) afin de pouvoir le lancer avant la fin du festival ;). Je l’ai ensuite amélioré et débuggé tous les soirs, après les séances, dans un mode très itératif : en prenant compte des retours d’expériences, et des idées que j’avais moi-même dans la journée, étant le premier utilisateur de mon site. J’ai ainsi rajouté quelques fonctions pendant la semaine, tout en prenant garde à rester sur le focus initial du site : sélectionner les séances les mieux notées, voir tous les commentaires d’un utilisateur, éditer un palmarès final.
J’ai pu, tout au long du projet, bénéficier des conseils, des idées pertinentes, de l’aide (entre autre pour la saisie des données !), du soutien, et de la comm’ efficace de Ghislaine, un grand merci à elle pour cette présence constante et efficace !
Le projet a été un joli petit succès : 300 commentaires, 12 000 pages vues. Pas énorme, mais plutôt satisfaisant pour un site qui n’existait pas une semaine auparavant !
Quelques réflexions en vrac :
- Lorsqu’on répond à un besoin très précis, et que le concept est facilement compréhensible, la communication sur les réseaux sociaux fonctionne à plein
- Faire au plus simple, puis itérer, est une recette qui fait ses preuves : les usagers ont l’impression d’être écoutés, et prennent plaisir à revenir voir l’appli évoluer tous les jours
- Ce genre de projet, absolument non-officiel, sans aucun lien avec l’organisateur, créé par un particulier, bénéficierait pleinement d’une ouverture en mode “OpenData” de l’événement : là il a fallu ressaisir tous les noms des courts-métrages, tâche fastidieuse qui aurait pu être évitée avec une démarche d’ouverture de la part du festival (leur site est d’ailleurs une vraie mine d’information, avec les fiches des films des années précédentes, on pourrait imaginer de très belles choses avec une base de données plus “ouvertes” qu’un simple site web institutionnel)
- Rester sur une base technique très simple, sans aucun fantasme de développeur, permet de réagir très rapidement : il m’a fallu moins de 10 minutes par exemple, pour rajouter une fonctionnalité telle que “pouvoir voir tous les commentaires d’un utilisateur”. Pas sûr que je m’en serais sorti aussi rapidement avec une grosse architecture plus satisfaisante techniquement.
- Apprendre à utiliser une librairie ou une techno en utilisant comme support un projet réel est encore le meilleur moyen de le faire en restant dans le concret : c’était mon cas avec JQuery Mobile que je n’avais encore jamais eu l’occasion d’utiliser.
Les médias ont également couvert le projet, via un article sur le site web du journal local La Montagne, et un autre sur le site web de France3 Auvergne. A chaque fois, les journalistes qui m’ont interrogé semblaient très étonnés de cette démarche, à l’opposé des projets pharaoniques de certains sites web.
Cette recette improvisée, même si elle n’a rien de révolutionnaire, est pour moi la principale leçon de cette petite expérience :
- faire au plus léger, que ça soit au niveau fonctionnel ou technique,
- répondre à un besoin très précis et ne faire que cela,
- être soi-même le premier “client” du projet,
- garder un lien permanent avec les usagers,
- réagir au plus vite suite à leurs remarques,
- s’appuyer autant que possible sur de l’OpenData
Voilà une recette qui me semble prometteuse et que j’ai aujourd’hui envie d’appliquer à d’autres projets ! A suivre, donc (et à l’an prochain pour le festival 2015, j’espère bien reprendre l’expérience !).
Pour finir, j’ai codé une ultime page au projet, présentant le palmarès des films les mieux notés, en reprenant un classement “France” et “International” pour rester cohérent avec le festival officiel (je n’ai pas fait de palmarès “Labo”, ayant recueilli trop peu de votes sur ces séances). Ce palmarès est peu représentatif, avec seulement 5 à 15 votes par séance. Néanmoins, je le trouve plutôt cohérent, avec quelques films qui sont également ressortis sur le palmarès officiel. J’espère pouvoir avoir un panel plus large l’an prochain !
Voici donc mon “Grand prix national”, Jiminy :
Et pour l’international :